Étienne Borgo : “Je souhaite inscrire mon travail dans le temps”
Rencontre avec Étienne Borgo, un artiste sculpteur sur pierre. Il nous parle ici de son univers créatif largement inspiré de pratiques artistiques ancestrales.
Pouvez-vous vous présenter et nous parler un peu de votre parcours ?
À 18 ans, je voulais déjà être artiste. N’ayant pas été retenu aux concours d’entrée de différentes écoles des Beaux-Arts, je cherchais un moyen de devenir sculpteur sur pierre. J’ai ainsi commencé par apprendre le côté technique de la taille de pierre chez les Compagnons du Devoir, puis la gravure de pierre. En parallèle, je prenais des cours de sculpture : moulage et modelage. À 23 ans, j’ai réalisé mes premières expositions avec un premier prix de sculpture au Salon des Beaux-Arts de Mâcon, en 1997.
Quels sont vos sujets de recherche préférés ?
Je recherche des formes figuratives, stylisant des silhouettes humaines ou animales. Exploitant une forme sélectionnée, par une série d’une dizaine de pièces, cet exercice est très enrichissant.
Vous travaillez exclusivement avec des roches. Pourquoi ce choix ?
Je travaille les roches dures car je souhaite inscrire mon travail dans le temps, que mes travaux restent “hors d’âge”. D’où le choix d’aller “cueillir” des cailloux, souvent des pierres semi-précieuses comme le quartzite ou l’éclogite, sur les rives de plages, de fleuves, ou encore dans les moraines de glaciers. Plus la roche est rare, plus elle m’intéresse.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
J’étudie les arts préhistoriques, les arts “pré-antiques” et les arts premiers, notamment l’art d’Amérique centrale et latine. En dessinant des pièces de ces périodes, j’en fait ma synthèse stylistique, que j’adapte par la suite sur les galets que je vais sculpter.
À quels éléments attachez-vous de l’importance lorsque vous sculptez ?
Les formes des roches brutes guident ma façon de travailler. Si je n’ai pas la place de placer un bras, je le recroqueville et le déforme pour qu’il apparaisse avec évidence, même si certaines sculptures n’ont d’ailleurs pas de bras. Je ne cherche pas une finition polie impeccable. Certaines traces de rayures donnent plus de vie et d’humanité ; certaines surfaces sont parfois laissées bien striées volontairement, à savoir les roches blanches ou claires, alors que les sombres supportent mieux le poli brillant.
Pourriez-vous nous parler d’une exposition qui vous a particulièrement marqué ?
Pendant l’été 2019, je suis allé voir l’exposition “Préhistoire, une énigme moderne” au Centre Pompidou. Elle fut très enrichissante pour moi. Voir se côtoyer certains des plus beaux objets ou sculptures préhistoriques, avec des sculptures de Brassaï ou Picasso, très stylisées, tout cela mélangé avec des dessins de carnets de fouilles archéologiques et d’autres objets du XXIe siècle, fut pour moi comme une vision de l’aboutissement de mes recherches. Depuis cette exposition, je cherche à mettre plus en scène mes installations de sculptures, en y mélangeant des fragments archéologiques que je glane, eux aussi, depuis plus de 20 ans.
Souhaiteriez-vous nous parler de projets qui arrivent ?
Oui, enfant et adolescent j’ai fait beaucoup de danse contemporaine et par ce biais, j’ai déjà réalisé différentes performances artistiques. Je cherche à développer une performance qui ce nomme “PEAU-ROUGE”, en lien avec l’humanité.
Plus d’informations sur le blog d’Étienne Borgo.
Propos recueillis par Camille Venin
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